belle au bois ne dormant pas by nicolas-gouny-art, literature
Literature
belle au bois ne dormant pas
lai de la belle au bois ne dormant pas
dans la forêt maléfique
au creux d'une clairière ombragée
dort une princesse
sur un lit de pierre
elle est pâle belle
un vent doux ondule calmement ses longs cheveux d'or
berce lentement les feuilles des chênes
on entend des oiseaux
doucement chanter leurs chants enchanteurs
les soleils brillent
les bourdons bourdonnent
les abeilles abeillent
le ruisseau ruisselle
les écureuils font des acrobaties
les mouches se mouchent
à vos souhaits
et les cigales crécellent
blanche
calme
sur son lit de pierre
dans sa robe de princesse
la belle dame respire légèrement
c'est la princesse au bois
le lai du dragon chenu
il est des heures
où rien ne pousse et
l'oiseau tout à l'heure qui dansait
sur sa branche
s'est couché sur la paille de
son nid
et il a crié vivement dimanche
il est trop tard et les arbres
ébrouent leurs lourds ramages qu'ils
ne savent oublier
le vent cette nuit
a allumé ses lampiottes
il est
parti sans prendre sa pioche ni son sac
il restera
seul et narquois
sous les feuilles d'étranges et
minuscules brasiers crépitent un bruit d'enfer
il a peur et il verse ses yeux vers le sol retourné par
sa botte
enfin un œil se dessine plus
clair
au-dessus de l'humus
deux œils
dont l'un ne cesse de cligner
le lai d'isaïe
isaïe
la petite paysanne brune aime les framboises sauvages
il fait beau aujourd'hui l'aube veine le ciel déjà la brume mauve
monte du sol s'accroche aux frondaisons des chênes de la forêt
se répand dans les ramages aveugle les oiseaux
qui commencent tout juste de chanter
matin extérieur bois
isaïe court sur le sentelet fraîche heureuse matinale chante doucement
qu'elle aime les framboises mouillées de rosée
qu'elle aime les bois les matins pleins de brumes violettes
les fleurs les écureuils et les oiseaux
les oiseaux les framboises les fleurs les écureuils chantent doucement
qu'ils aiment isaïe la forêt la vie les
lai de la lune
sur une île
un comte
appelé neuvagrok
avait un rêve
qui le hantait
dans ce rêve la lune jouait un méchant rôle
ses rayons blancs
dans son ciel
ou elle rayonnait comme une pièce de 20 centimes
perdue là par je ne sais quel dieu peu
soucieux de son porte-monnaie
dans son ciel elle regardait la terre d'un œil narquois
d'un œil vicieux
son influence était néfaste
assurément
lorsque les éléments se déchaînaient
que de lourds nuages noirs venaient à rendre le ciel
de la nuit
plus noir encore
elle était encore là
elle se montrait dans le moindre trou de nuage
lorsqu'un bateau sombrait
corps et biens
dans une me
lai de la luciole by nicolas-gouny-art, literature
Literature
lai de la luciole
nuit
la lune a jeté ses plumes sur le pays
tout dort
sauf là-bas une petite lumière à la fenêtre d'une chaumière minuscule là-bas lointaine incertaine et vacillante
le petit éveil d'un petit homme solitaire
et vieux
mais vieux
un petit homme
chenu
qui paraît sangloter au dessus d'un
grimoire ouvert sur
ses genoux
snif snif snif
fait le sanglot
c'est peut-être une goutte dans
un lavabo ou ce sont peut-être
quelques gouttes dans ses yeux
surgies d'on ne
sait où
il faudrait s'approcher
contourner
le suspensoir plein de bougies fumantes
plein de lumière chancelante
et
le regarder de face
afin
de savoir
enfin
mais il fa
la lande jaune ondoyante sous un ciel d'orage
un ciel mauve gris vert
lourd menaçant
plein d'une pluie à venir
de grêle d'éclairs et de neige
le vent fait son travail de vent
il souffle en sifflant
il court sur la lande
libre généreux ample
aucun arbre n'est là pour l'arrêter
le combattre lui dire stop
t'es pas de ma bande
il souffle et il siffle
les moutons les vaches aux yeux de biche
s'assemblent se rassemblent
pour ne pas disperser leur chaleur
fait frisquet
et ce vent et ce ciel et ce qui doit advenir
font peur
et quand on a peur l'on est mieux en groupe en grappe on se raconte des histoires drôles
des histoires d'agn
lai de paris
c'est la nuit
rue de la roquette
une ombre se glisse sous la lune indifférente
quelques torches ici et là de loin en loin
déposent des halos jaunâtres sur la rue pavée
au milieu de laquelle coule un filet d'eau saumâtre qui charrie des ordures
c'est la nuit
à la forge royale
les chats sortent
se font tout petits au passage de l'ombre
se cachent sous les chariots
jettent des regards inquiets luisants de chats peureux
soudain l'ombre se précipite sous l'arche d'un porche
rue de la forge royale
annoncée par une lanterne par le bruit de ses roues sur le pavé inégal
par le hennissement de trois chevaux
une carriole